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Inspiration

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Moment de création sur le bord de l'eau
ÉTÉ 2020

L’HUMAIN.

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En premier lieu, il y a la profondeur que j’adore.

La profondeur d’un bain est aussi importante pour moi qu’un paysage forestier l’est pour un chasseur nocturne. La profondeur non calculable est la meilleure, comme celle des humains. C’est celle que l’on ne peut pas voir, mais qui émane des yeux de chacun des personnages qui habitent mon univers pictural onirique. Elle n’est pas quantifiable, non logique et parfois surprenante. Lorsque je regarde un bain, je peux facilement calculer l’espace que j’y occuperai. Quand je regarde dans les yeux de quelqu’un, je ne peux savoir l’espace que j’y occupe. Dans mes œuvres, je m’amuse à déjouer l’effet de profondeur habituellement utilisé afin de créer des œuvres qui tiennent sur un seul plan. La distance devient ainsi difficile à saisir entre les sujets humains difformes et les lieux transformés en accumulation organique, qui deviennent en symbiose égalitaire. Les objets plus petits ne sont pas nécessairement plus loin. La personne qui regarde mon tableau peut donc décider elle-même du rapport entre la perspective et les objets qui gravitent sur celle-ci. Chaque spectateur analyse le scénario que je propose avec sa propre logique, ce qui lui permet de vivre une expérience très personnelle.  

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En second lieu, en regardant mes œuvres, l’humain qui a tendance à vouloir tout expliquer rationnellement se voit frapper un mur de discorde, puisque la narration est faite de nœuds colorés qui s’entremêlent et non de lien linéaire. Par habitude, l’humain souhaite que l’information qui lui est transmise soit unidirectionnelle. Il réfléchit de façon manichéiste face aux expériences qu’il vit; «C’est bien, c’est mauvais, ça commence là et finit là.» L’humain vit dans un moule de commun accord. J’aimerais offrir une œuvre dont le récit peut être résolu de façon différente pour chacun, puisqu’elle n’est pas logique ni linéaire. Pour cela, mon histoire doit avoir plusieurs sens, différents termes et couleur. Je veux ainsi permettre aux gens de plonger dans leur imagination et leur subconscient, pour toucher à leur propre essence. Les gens deviennent les créateurs d’un récit tout en couleur guidé par mes formes matérielles. Je suis le créateur d’univers invitant son public à se perdre des heures dans des détails et des textures qui les transportent au creux d’eux-mêmes et c’est ce dernier point qui m’est le plus important.

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En troisième lieu, je travaille principalement à l’acrylique, afin de créer rapidement, sous l’impulsion du moment. J’aime la rapidité. La création de mes œuvres se joue beaucoup sur la contradiction. Au départ, je dessine spontanément, rapidement. J’y pose masse et couleur en utilisant mon subconscient comme maître de l’esthétique voulue. Puis, je ralentis progressivement, pour réaliser que le manque de détails est flagrant. C’est alors que je me mets à travailler patiemment chaque détail qui donnera l’aspect analytique et déconstruit des différentes formes. C’est l’étape la plus longue et ma préférée.

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Bref, mon travail s’inspire de ma fascination pour l’humain et sa façon de concevoir ce qu’il voit en analysant sans cesse. Il est pour lui. C’est mon public et mon sujet.

 

«Humain, tu es ma source d’inspiration. Je t’adore. J’aime qu’avec un pinceau, ta peau devienne malléable. J’aime ton nez, toujours osseux, qui sort royalement de ton visage toujours rond, ovale. J’aime ton intelligence, marquée par le vif de tes yeux fatigués, qui continuent tous les jours de scruter tout partout.»

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